•  

    De la croissance à la crise



    Depuis plusieurs années, on nous ressasse le même problème : l'Europe (et plus spécifiquement la France) est en panne de croissance. Certes, depuis le début des années 80, le PIB (la création de richesse produite) annuel n'excède que rarement la barre des 2 à 2,5%. Mais si cela reste très inférieur aux années fastes d'après guerre, il faut néanmoins revenir à davantage de sérieux : non seulement la croissance reste positive, mais elle est supérieure à celle enregistrée avant la seconde guerre mondiale. Pour autant, il n'est pas non plus question de faire preuve d'un optimisme naïf et de refuser de voir que des problèmes structurels persistent.



    D'une part, pour comprendre les raisons de cette faible croissance depuis la fin des années 70, il faut comprendre les raisons de la forte croissance des Trente Glorieuses tout d'abord et les causes de son essoufflement depuis. En effet, la période qui a suivi la seconde guerre mondiale est considérée par la grande majorité des économistes comme une période exceptionnelle qui a fait se coïncider plusieurs facteurs de croissance :







    • l'expansion du modèle fordiste qui a permis de dégager des gains de productivité rapide et conséquent. L'automatisation et la robotisation des chaînes de montage a permis d'accroître l'intensité capitalistique du travail (le stock de capital utilisé pour un travailleur), et ce faisant a contribué à augmenter la productivité quantitative et qualitative du travailleur. Ces gains de productivité ont permis des gains substantiels au niveau des coûts de production (moins de travailleurs pour fabriquer mieux et plus vite), ce qui s'est traduit par des profits plus importants. Ces mêmes profits ont permis d'augmenter les revenus du capital certes, mais également du travail en payant mieux les salariés. En outre, les coûts de production étant moindres, la valeur des produits sur le marché des biens et des services a mécaniquement eu tendance à diminuer également. Le prix réel (hors inflation) des marchandises a donc diminué. Salaires en hausse, prix moindres ont fortement revalorisé la demande des ménages pour les biens de consommation.





    • Mise en place de politique de relance de type keynésienne : la demande a donc augmenté, relayée également par des politiques étatiques interventionnistes qui ont favorisé l'investissement des entreprises (donc la production) et surtout une politique de relance de la demande (création de monnaie, crédits, etc.) qui ont permis de faire croître la consommation et par suite la production, donc le niveau de l'emploi. Plus l'on consomme, plus il faut produire, plus il faut des travailleurs pour produire, et plus il y a d'emploi. Ce faisant, la croissance augmente, la demande continue d'augmenter elle aussi et l'emploi atteint son niveau maximal. On entre dans une phase de cercle vertueux : la croissance s'autoengendre (d'où risque d'inflation pour rééquilibrer. C'est ce qui se passait durant les « Trente Glorieuses » où l'inflation est allée jusqu'à augmenter de près de 8%/an en moyenne ! mais les salaires augmentaient avec)





    • Les débouchés extérieurs commencent à se développer mais la consommation reste encore pour l'essentiel une consommation nationale. Les ménages s'équipent et les supermarchés voient le jour.





    • Le progrès technique et l'innovation des procédés et des produits se développent très vite via l'automatisation et la robotisation des chaînes. La spécialisation favorise la connaissance des tâches et leur amélioration en terme de productivité.



    Tous ces facteurs et quelques autres (mise en place de l'Etat Providence) font de cette période une période économique particulièrement faste. Mais depuis le milieu des années 70, nos économies sont entrées dans une période de relative stagnation de la croissance avec un taux de chômage important. Qu'est-ce qui a fait que la croissance s'est essouflée? C'est en cherchant les causes de cet essoufflement que l'on pourra aussi mieux cerner les sorties éventuelles de la crise actuelle.



    La crise débute en 1974 suite au premier choc pétrolier qui a vu le prix du baril de pétrole être multiplié par 4. Cette envolée des prix a pesé lourdement sur le profit des entreprises. Obligées de faire avec, elles ont dû compenser cette hausse des coûts de production des matières premières par une augmentation des prix à l'achat. Mais cette explication est d'ordre conjoncturelle. Elle permet d'expliquer la crise des années 70, mais pas sa pérennisaton durant les années 80-90. Cette crise conjoncturelle, en outre, s'est vue modérée par une politique de relance de la demande afin de minimiser l'impact des effets négatifs de l'augmentation du prix du baril. Cependant, cela n'a pas eu l'effet escompté. Pensant à une crise conjoncturelle, la politique de relance paraissait être une solution adéquate (telle que formulée par Keynes qui raisonnée sur le court terme et donc en terme conjoncturel). Mais à la crise conjoncturelle est venue s'ajouter une crise structurelle de l'économie avec un ralentissement durable de la productivité qui n'a pas été prise en compte tout de suite. Si bien que la relance qui s'est accompagnée d'une inflation importante n'a pas été compensée par un niveau de l'emploi fort. On est ainsi progressivement entré dans l'ère de ce que les économistes appelle la « stagflation » : à la fois stagnation de la croissance et de l'emploi avec une inflation continue. Depuis le début des années 70, on assiste à un renforcement des inégalités, qui s'est concentré essentiellement sur la question de l'emploi.



    Quels sont les facteurs explicatifs de cette crise économique débuté au milieu des années 70? Aujourd'hui, moins de 5% de l'activité de la France est une activité agricole, tandis que l'industrie compte pour désormais moins de 20%. C'est donc bien le secteur tertiaire qui concentre l'essentiel de l'activité productive et des créations de richesse dans nos économies contemporaines. Cependant, cette tertiarisation de l'économie est à relativiser, car elle est pour partie le résultat des externalisations des entreprises qui décident de sous-traiter une grande partie de leur activité afin de mieux se concentrer sur le coeur de leur métier. Pour ne prendre qu'un exemple (certes extrême), citons IBM qui aujourd'hui ne fabrique plus d'ordinateurs du tout. Ou Nike qui ne fait plus de chaussures mais sous-traite toute la partie manufacturière de son activité. En outre, derrière la tertiarisation se cache un ensemble disparate et très hééroclite de situations sociale et économique. Quoi de plus éloigné qu'un banquier et un serveur de McDo? Le travailleur intellectuel (« maipulateur de symbole » selon Robert Reich), ou l'intérimaire des « petits boulots » sont dans des situations d'emplois bien différentes. La précarité et l'instabilité pour le second, un haut niveau de sécurité et de revenus pour le premier. En revanche, ce qui est vrai, c'est que la tertiarisation de l'économie est créatrice d'emplois qualifiés et tend à faire disparaître de plus en plus le travail non qualifié. Derrière la question de la croissance et des inégalités nées de la crise, c'est plus particulièrement sur la question de la distribution du travail qu'il est nécessaire de s'interroger. Le fordisme laissait de la place à l'ensemble des travailleurs, qu'ils disposent d'un capital humain important ou faible (connaissances, formations, compétences). Ce modèle n'est plus aujourd'hui, et avec lui c'est l'ensemble des travailleurs non qualifiés qui se retrouvent dans une situation sociale et économique alarmante, et ce pour l'ensemble des pays du Nord, quitte à faire dire par certains sociologues et économistes contemporains qu'on assiste à un retour vers une société duale, bipolarisée entre travailleurs qualifiés, riches et sécurisés d'un côté, et un ensemble de plus en plus grand de chômeurs, travailleurs pauvres et Rmistes tenus à l'écart de l'emploi, des richesses et des protections sociales de l'autre.



    (prochain ajout : les raisons de la crise loin des raisons évoquées habituellement et qui font le lot de nos émissions quotidiennes : mondialisation, délocalisations, immigration)


    votre commentaire
  • Récompenser les bons élèves
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Je constate que M. Bayrou prévoit de supprimer les charges sociales qui pèsent sur l'emploi pour les deux premiers contrats signés au sein de l'entreprise. Personnellement, je trouve l'idée séduisante. Néanmoins, j'aurais préféré qu'elle reste cantonnée aux PME qui connaissent effectivement des difficultés importantes de recrutement à cause des charges sociales et patronales qui pèsent sur l'emploi. En revanche, les grandes entreprises, cotées en Bourse ne méritent pas d'être aussi bien traitées. Tout simplement parce qu'aujourd'hui, à l'heure du capitalisme financier, les profits issus de la production ne servent qu'à entretenir le retour sur investissement des actionnaires. Les managers des grands groupes industriels, sont souvent contraints mais également complices de cette manoeuvre (cela fait grossir leur stock-option), qui, pour séduire de nouveaux investisseurs financiers, essaient de tirer un maximum de profits, en faisant jouer à la baisse les coûts de production (délocalisations, automatisation, centralisation et économies d'échelles, etc.) et plus particulièrement ceux qui s'abattent sur les coûts salariaux et l'emploi. Or, si ces profits permettaient encore d'investir par le passé, et ainsi d'entretenir et de renouveler l'emploi, on sait très bien que ces profits sont pour l'essentiel avalés par la "gloutonnerie" des actionnaires. En 2005, la somme versée aux actionnaires représentait environ 60% de l'excédent brut d'exploitation, c'est-à-dire du profit des entreprises! Je trouve que ce cadeau aux grandes entreprises n'est pas une solution adaptée alors même qu'elle l'est pour les PME.


    En outre, le problème de l'emploi est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait. C'est à une refonte structurelle de l'économie qu'il faut s'atteler. Nous savons très bien qu'aujourd'hui l'essentiel de l'emploi se concentre sur l'emploi qualifié, ce qui pose des problèmes importants concernant les travailleurs non qualifiés. Nos sociétés sont entrées dans l'ère de la post-industrialisation et des services. Or, quid des travailleurs non qualifiés?  Le principe de destruction-création permet peut-être de renouveler le travail et de favoriser l'innovation mais il se fait dans un sens précis et irréversible : celui d'une destruction des emplois non qualifiés pour celui de la création d'emploi qualifié. Si vous détruisez les emplois de caissiers dans les grandes surfaces, pour y mettre des machines automatisées à la place, vous créez du chômage supplémentaire. Mais cette disparition d'une forme d'emploi est aussi créatrice d'une autre forme d'emploi : il faudra des spécialistes en informatique, des ingénieurs, etc. pour faire fonctionner et entretenir ces mêmes machines. Peut-être qu'au total, le stock d'emploi restera le même, mais les emplois nouvellement créés diffèrent radicalement des emplois supprimés. Ce sont les travailleurs à faible qualification qui trinqueront!


    Certes, les entreprises sont au centre du processus économique. Ce sont elles qui créent des biens, des richesses, qui investissent, qui emploient et qui permettent de consommer. Mais encore faut-il que la répartition des richesses créées se fasse de manière équitable. Je sais que le politique n'est plus maître à bord, et que l'économie mondialisée lui laisse peu de marges de manoeuvre. Mais s'il y a encore bien un domaine qui lui est propre c'est celui de la redistribution. L'économie permet de produire des richesses, elle permet de distribuer les revenus engendrés par la production de ces richesses et elle permet la consommation. Mais le politique peut encore intervenir au niveau de cette redistribution, pour essayer de la rendre la plus égalitaire possible. Pourquoi ne pas taxer les grandes entreprises qui n'embauchent pas alors même qu'elles s'implantent sur des zones franches, ou qu'elles bénéficient d'avantages fiscaux de la part de l'Etat. Pourquoi à l'inverse ne pas récompenser les entreprises qui embauchent, qui produisent et qui sont créatrices de richesses et porteuses d'innovations. Ceux qui mettent l'entrepreneur au centre (à juste titre je pense) du système ne sont pas sans savoir que J. Schumpeter préconisait déjà de mettre en place un tel système. Les entreprises qui embauchent doivent être récompensées. De la même manière, il me semble judicieux pour ceux qui souhaitent effectivement travailler davantage de retirer les charges sociales qui pèsent sur les heures supplémentaires comme le prône M. Sarkozy. Cependant sa vision est purement idéologique et ne servirait que l'entreprise et non le travailleur, car celle-ci privilégierait l'emploi d'heures supplémentaires sans coût supérieur plutôt que l'emploi de nouveaux salariés. Oui, pour la suppression des charges qui pèsent sur les heures supplémentaires à condition d'y lier une obligation d'embauche en parallèle, ou pour le moins des sanctions pour les entreprises qui useraient trop des heures supplémentaires sans créer d'emplois.


    Je pense qu'il faut un vrai débat de fond sur la question de l'emploi car il n'y a pas de recettes miracles, ni de solutions simples ou idéologiques. Je pense aussi qu'il est nécessaire de distinguer les PME des grandes entreprises qui ne sont pas confrontées aux mêmes problèmes et réalités économiques. Les premières sont globales et dépendantes du capitalisme financier. Les secondes sont encore beaucoup plus ancrées dans le tissu local et souvent liées à un capitalisme familial ou à l'autofinancement. Ce sont donc deux systèmes forts éloignés qu'il faut traiter séparément.


    1 commentaire
  •   Les classes moyennes aujourd'hui

    Depuis quelques jours, la classe politique dans son entier s'ébroue et se divise autour de la question de la fiscalité et notamment de la situation des classes moyennes. M. Copé, ministre délégué au budget a affirmé qu'à 4000€/mois pour un ménage seul, on appartenait toujours aux classes moyennes et que bon nombre de nos compatriotes se trouvait dans cette situation. Taxer les revenus supérieurs à 4000€ comme l'avait proposé M. Hollande reviendrait donc encore une fois à faire peser l'essentiel de la fiscalité et des recettes de l'Etat sur le dos des classes moyennes.
    Depuis, un brouhaha général s'est emparé du monde médiatico-politique pour tenter de définir des contours à ce concept de classe moyenne ? Qu'appelle t-on classe moyenne ? A quels revenus correspondent-elles ? Doit-on parler de LA classe moyenne ou plutôt DES classes moyennes ? C'est à cet ensemble de questions que nous allons modestement tenter d'apporter un éclaircissement.



    ■ Le concept de classe sociale
    Avant tout, il nous faut revenir sur le concept même de classe sociale. Et pour ce faire, un détour historique et conceptuel est nécessaire. Le premier à avoir défini la notion de classe sociale est Karl Marx. Son concept repose sur un constat simple : à l'époque où il écrit (milieu XIX), l'Europe occidentale est en pleine phase d'industrialisation (plus exactement l'Angleterre, la France, l'Allemagne, l'Italie du Nord, l'Europe du Nord ouest). Il constate donc un profond bouleversement dans le paysage social et économique. L'industrie se développe et avec elle une nouvelle forme de rapports sociaux qu'il nomme des rapports sociaux de production. D'un côté, se situent les propriétaires de capital, qui peuvent avancer des fonds suffisants pour produire des biens, mais qui manquent de bras pour les fabriquer (ceux qu'il appelle les capitalistes), de l'autre se trouvent les propriétaires de leur seule force physique, aptes à fabriquer les biens grâce aux « bras » qu'ils représentent. En revanche, eux n'ont pas les moyens suffisants pour engager des fonds. Ils ne disposent que de leur simple force de travail (il les appelle les prolétaires).
    On a donc deux catégories d'individus distincts qui vont chercher à se lier au sein du processus de production : les capitalistes ont besoin de « bras » pour produire des biens, les prolétaires ont besoin des capitalistes pour faire fructifier leur travail et leur production. Mais nous dit Marx, ce rapport de production marchande entre capitalistes et prolétaires est un rapport inégalitaire. En effet, les capitalistes vont cherche à dégager un maximum de profit (pour s'enrichir mais aussi pour investir, pour remplacer les machines, et pour produire encore davantage) tandis que les salariés vont essayer d'améliorer leur conditions de travail et de salaire afin de bénéficier de revenus suffisants pour pouvoir faire vivre leur famille. ce faisant cet antagonisme entre ces deux catégories sociales va induire un rapport conflictuel permanent entre capitalistes et prolétaires.
    Pour Marx, ces deux catégories sociales constituent ainsi deux classes sociales distinctes. Une classe sociale se définit pour lui comme un groupement ‘individus liés les uns aux autres autour de trois axes communs :
    - une homogénéité socio-économique
    - une identité collective d'appartenance à une classe sociale
    - une lutte permanente entre deux classes antagonistes



    Pour Marx, une classe sociale se définit donc avant tout par un sentiment fort et marqué d'appartenance à une classe sociale. Ce sentiment est d'autant plus prégnant que l'antagonisme de classes est important. En effet, la bipolarisation de la société en capitalistes et prolétaires, elle-même liée à une lutte de classe nécessite que chacun se situe par rapport à un camp. La lutte est donc à ce titre structurante de l'appartenance de classe et donc de l'identité sociale de classe. Enlevez la lutte, vous ôtez en même temps le sentiment d'appartenance. En outre, les classes sociales sont relativement homogène socio-économiquement : les ouvriers sont pauvres et ont juste le nécessaire pour entretenir leur famille et leur permettre de nourrir les enfants (future force de travail) ; la bourgeoisie est aisé et vit dans l'opulence et l'exploitation de la classe ouvrière. On est donc dans un rapport social inégalitaire non pas parce que les capitalistes sont plus aisés que les ouvriers, mais parce que les capitalistes exploitent les ouvriers.
    En effet, la valeur d'un bien pour Marx correspond à sa valeur-travail, c'est-à-dire la quantité de travail qui a été nécessaire à sa réalisation (production). Cette quantité de travail se rapporte donc à toute la chaîne de fabrication du bien (machines, transports, biens d'équipement et salaire versé aux ouvriers). Or, le prix du bien su le marché (qui devrait coïncider avec sa valeur-travail) est supérieur à la quantité de travail qui a été nécessaire à sa confection. Donc les capitalistes s'enrichissent en exploitant la classe ouvrière.
    De là naît et se propage la lutte des classes.



    ■ L'apparition de la classe moyenne
    Cette approche marxiste de la notion de classe sociale a dominé jusque dans les années 50. Mais au sortir de la seconde guerre mondiale, les grands pays industriels entrent dans une phase de croissance soutenue et pérenne sur près de 30 ans (1946-1974). Jean Fourastié leur a même donné le nom devenu célèbre de Trente Glorieuses. On assiste alors à de profondes transformations sociales et économiques. Sans entrer dans le détail nous pouvons néanmoins en souligner quelques unes.
    ► Sur le plan économique :
    - développement du secteur industriel (3/4 de la création de richesse dans la fin des années 60)
    - développement et expansion du modèle fordiste (automatisation, travail la chaîne, robotisation des tâches et augmentation du salaire)
    - consommation quantitative (début de la consommation de masse)
    - augmentation de la production, donc des richesses, donc des revenus et augmentation des débouchés : la croissance s'auto-entretient.
    - politique interventionniste de type keynésienne (la demande crée l'offre : il faut donc relancer la consommation, qui va relancer la production, donc l'emploi, quitte à ce que l'inflation grimpe)
    - période de plein-emploi
    ► Sur le plan social
    - mise en place du Welfare State (l'Etat-Providence)
    - mise en place des congés payés, diminution progressive du temps de travail et augmentation de la productivité globale
    - « embourgeoisement » de la classe ouvrière (Alain Touraine)
    - accès massif aux biens de consommation (voitures, biens électroménagers, etc.) on entre dans une période de consommation de masse. Ouverture des premiers supermarchés.



    Tous ces facteurs ont concouru à la transformation radicale de la société française et ont contribué à faire émerger une nouvelle classe sociale : la classe moyenne.
    En effet, durant ces années fastes, la classe ouvrière (ou populaire selon les auteurs) a vu son niveau de vie augmenté sensiblement. L'accès aux biens d'équipements ménagers et à l'automobile, réservés avant guerre aux couches les plus aisées de la population, commence à se diffuser dans l'ensemble de la société. Les ouvriers grâce à leurs revenus salariaux meilleurs et au développement du crédit, peuvent devenir propriétaire. On parle alors d'embourgeoisement de la classe ouvrière, laissant penser que les écarts de revenus entre riches et pauvres vont continuer à s'amenuiser encore. C'est à cette époque que la consommation de masse et la notion de culture de masse fait son apparition. La classe moyenne gagne du terrain sur la classe ouvrière qui semble être condamnée à disparaître. Or, si la classe moyenne se développe et la classe ouvrière décline, la notion même de lutte des classes n'a plus lieu d'être. Ce concept repose sur la bipolarisation antagoniste de la société en deux classes distinctes. En accédant à la propriété, à la consommation, aux loisirs, etc. les ouvriers quittent leur statut social d'exploités et se rapprochent de la classe bourgeoise. Tout se passe comme si la société tendait à se concentrer autour de cette classe moyenne de plus en plus imposante, aux comportements homogènes et à l'ethos de vie relativement proche (consommation, culture de masse : on parle même de moyennisation de la société).



    Dès lors l'analyse en terme de classe sociale, telle qu'elle a été théorisée par Marx perd de sa pertinence. Mais depuis la crise des années 70, cette analyse tend à refaire surface. On parle aujourd'hui de plus en plus des difficultés des classes moyennes (sans savoir ni à quoi, ni à qui elles se réfèrent) qui s'appauvrissent. Mais qu'en est-il réellement de la situation actuelle ? Peut-on encore parler d'une classe moyenne ? L'analyse en terme de classe sociale est-elle encore pertinente ?



    ■ La réalité des revenus des ménages actuels
    Depuis le début des années 80, à la crise conjoncturelle de 1974 et 1979 (chocs pétroliers et augmentation énorme du prix du pétrole, donc des matières premières et de la production), s'est ajoutée une crise structurelle plus profonde et plus sourde (tertiarisation de l'économie, déclin du secteur industriel, fin du fordisme, consommation qualitative, développement des produits à haute valeur ajoutée c'est-à-dire la haute technologie, réorganisation de la production et inadaptation partielle de la formation, mondialisation des échanges, etc.) qui continue aujourd'hui encore à grever l'économie française et le niveau de l'emploi. Si bien que depuis peu, certains économistes et sociologues reprennent le thème de la dualisation de la société entre d'un côté des riches qui s'enrichissent davantage, et de l'autre des pauvres qui s'appauvrissent encore plus. Si bien que l'émiettement des extrêmes au profit d'un rapprochement autour d'une grande classe moyenne durant les Trente Glorieuse s'est retourné au profit d'une distanciation de plus en plus marquée entre le bas de l'échelle sociale et le haut de cette même échelle. Un auteur reconnu pour son analyse des classes moyennes, Louis Chauvel (dont le dernier ouvrage s'intitule « Les classes moyennes à la dérive » je crois) montre comment depuis plusieurs années on assiste à une paupérisation de la classe moyenne.
    D'ailleurs plutôt que parler de la classe moyenne, il convient mieux de parler des classe moyennes, tant la réalité interne diffère entre les ménages appartenant à cette catégorie.



    Mais alors qu'est-ce qui définit la classe moyenne ? Si on ne s'en tient qu'au niveau des revenus (facteur économique), on pourrait dire que les classes moyennes sont celles qui se situent aux alentours du revenu médian des ménages français (revenu médian = revenu au-dessus et en-dessous duquel se situent 50% des individus). Or quel est ce revenu médian ?
    M. Copé a l'air de penser qu'à 4000€/mois pour un individu seul, on appartient encore aux classes moyennes. Or, à ce niveau de revenu pour un individu seul, on fait partie des 5% des ménages les plus riches de France. Sauf à considérer que les couches les plus aisées font partie des classes moyennes, on est bien loin d'une quelconque réalité de terrain. Peut-être que notre cher ministre ne côtoie que des amis qui dépassent les 4000€/mois, mais qu'il ne se dise pas être proche des français et de leur préoccupation (à moins de les connaître réellement).
    En réalité pour un ménage composé d'un seul individu, le revenu disponible (après déduction des impôts et versements des différentes prestations sociales) médian s'élève à 1182€/mois. A partir de ce seuil médian, on pourrait dire que l'ensemble des classe moyennes se dispersent sur la totalité des revenus compris entre les 20% les moins riches et les 20% les plus riches. Pour un ménage seul, on aurait alors la situation suivante : les revenus se situeraient entre 850€/mois au moins et 1717€/mois pour les plus élevés.
    En France, si vous vivez seul, et que votre salaire est supérieur à 1717€ mensuels, vous faites alors partie des 20% les mieux payés ! On est très loin de ce que nos politiciens si bien informés semblent nous dire.



    Pour un ménage en couple sans enfant, la fourchette est la suivante :
    Revenu médian = 2234€/mois
    20% des ménages gagnent moins de 1554€/mois et 20% gagnent davantage que 3238€/mois. A considérer que les classes moyennes se situent dans cette fourchette, on peut raisonnablement dire qu'entre un couple à 1554€/mois et un couple à 3238€/mois, on n'a pas nécessairement le même style de vie.
    Pour le premier, les fins de moins risquent d'être difficiles et le moindre imprévu peut faire basculer le couple dans les difficultés financières (pour autant on pourrait les qualifier de classe moyenne). Pour les seconds, les RTT sont profitables pour partir en week-end et parer aux imprévus de la vie.



    Si on reprend maintenant notre définition de la classe sociale, à savoir forte identité de classe, sentiment d'appartenance à une classe sociale et style de vie et situation économique similaire, on est loin de correspondre à une telle définition. Non seulement la classe moyenne est plurielle, donc il convient mieux de parler des classes moyennes, mais en plus, peu de personnes se ressentent appartenir à cette classe moyenne. Celle-ci est souvent assimilée à un couple dont l'un des deux conjoints est cadre supérieur et où l'autre travaille également. Qui se dirait appartenir aux classes moyennes avec des revenus pour le couple avoisinant les 2000€/mois lorsqu'il y a le loyer, les charges courantes, les frais de déplacement et d'entretien de la voiture à payer ?



    Alors messieurs les hommes politiques, ayez un peu plus de décence lorsque vous évoquez le salaire des classes moyennes. Non seulement à 4000€/mois pour un individu seul, on est bien au-dessus de la notion de classe moyenne, mais même un couple sans enfant n'entre pas dans cette catégorie, puisqu'à partir de 4000€/mois, un couple fait partie des 10% des ménages les plus riches de la population. Certes, la seule variable économique n'est pas suffisante. Les idées, les styles de vie, les statuts sociaux, les valeurs pourraient être prises en compte afin d'avoir une vision plus juste de la notion de classe sociale telle qu'elle a été définie.
    Aujourd'hui, l'identité de classe a disparu. Même l'identité ouvrière n'existe quasiment plus, ou dans quelque corporation de métier bien spécifique.



    Un peu plus de retenue et de connaissance dans la situation des ménages français permettrait peut-être aussi d'avoir une approche plus construite et mieux réfléchie du problème de la fiscalité, qui est certes un sujet essentiel, mais qui mérite d'être traité avec davantage de rigueur, loin de toute idéologie partisane et des querelles de nos amis décideurs !









     



     


    1 commentaire
  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>Retour sur avril 2005 ou de la « lepénisation des esprits »

    <o:p> </o:p>

    Au lendemain du second tour de la présidentielle, la majorité des français se sont réveillés soulagés. Soulagés d'un cauchemar commencé quinze jours plus tôt sans que personne n'aie pu le prévoir. Soulagés d'avoir vu triompher, au moment même où elle était le plus menacée, la démocratie. Mais après cette éclatante victoire de la république, ne nous laissons pas aveugler par sa trop vive clarté. Car derrière les apparences se cachent le spectre de l'ignoble, de l'indicible, le visage du néo-fascisme et de la xénophobie.


    La large victoire obtenue au soir du 5 Mai ne doit pas occulter la troublante et effrayante réalité du scrutin éprouvée 15 jours auparavant.


    Ne nous voilons pas la face. La victoire d'hier, certes nécessaire, n'est que le masque qui couvre des lendemains moins glorieux, l'apparence salvatrice cachant un certain « dés-être » social. Il serait dès lors inimaginable de faire fi de triomphalisme bien trop rapide et de lever les bras au ciel en clamant à la victoire des idéaux républicains et démocratiques. Non, la Bête n'est pas morte, tout juste est-elle blessée. Il reste dans ce pays plus de 5 millions de citoyens prêts à se rallier à la cause lepéniste et ce malgré le tintamarre médiatique et la déferlante humaine qui ont dénoncé les funèbres oraisons de ce chant xénophobe et raciste. Combien sont-ils en ce mois de janvier 2007 désormais ?  Les médias, pour une fois, dans leur prise de position avouée, dans leur subjectivité affichée en lieu et place de leur pseudo sacro-sainte neutralité autoproclamée ont permis de relayer ce flot humain lancé à l'assaut de la rue pour crier son refus de l'extrémisme. Plutôt que de feindre une pseudo-objectivité, les médias ont concouru à dénoncer le visage  hideux du néo-fascisme qui tentait avec beaucoup de difficultés de se dissimuler sous les fresques  d'une apparence quasi-angélique, au costume d'une blancheur candide et aux paroles à l'accent papal. Reconnaissons que le masque a vite cédé sous le poids du soulèvement populaire. Derrière cette façade séraphique trop fragile, la Bête a vite refait surface pour hurler à la tricherie, à l'infamie, et à la tyrannie despotique des médias. Bref, à  tout ce dont elle se nourrit et avec quoi elle croît toujours davantage. Car si hier plus de 15% de la population a voté Le Pen, combien seront-ils demain ?


    Ne croyons pas la bête déchue. Elle n'est pas morte. Déjà, elle prépare sa vengeance, prête à se nourrir de son excès de victimisation, prête à envoûter et à  se gargariser des énergies nouvelles qui l'ont ralliée. Et tandis  qu'en surface, la République se relève, fière d'exhiber ses principes et ses règles démocratiques, dans l'ombre travaille le Malin, à l'abri des flashs et des crépitements luminescents de la société bien-pensante. Aussi, il serait de bon augure que nos dirigeants, mais que nous aussi simple citoyens de France, prenions nos responsabilités et n'entérinions pas si vite le spectre de la haine et de la xénophobie qui s'est dressé hier.

    <o:p> </o:p>

    Dans un monde qui va de plus en plus vite, dans une société du zapping, de la sursaturation informationnelle qui débouche paradoxalement sur un sentiment de plus en plus marqué d'indifférenciation généralisée et de « je-m-en-foutisme » social, n'oublions pas trop vite les errements d'hier. Apprenons à retenir les leçons avant d'en tirer les conséquences. Pour ne pas laisser l'extrémisme refaire surface, il est nécessaire de toujours l'avoir à la conscience. Il est nécessaire de bien se souvenir que toutes les dictatures se sont nourries de l'exclusion et du déni d'une partie de la population. Que tous les régimes autoritaires, avant de parvenir au pouvoir ont réussi à gagner les ferveurs des couches populaires et souvent aussi via la complicité des couches dirigeantes. N'oublions pas non plus que la démocratie n'est pas un dû, mais un acquis social qui, s'il ne s'est pas fait en un jour peut être défait en une nuit.


    Cessons donc de nous leurrer à penser que la France est un pays magnifique où le racisme, la haine et la xénophobie n'existent pas. Bien sûr qu'ils existent, il y aura toujours des individus pour croire à l'inégalité des races, il y aura toujours des ignares, des révisionnistes, des négationnistes, des abrutis pour croire à tout cela (une infime partie)  mais il y aura aussi tout les autres : ceux qui ont perdu l'espoir, ceux qui sont laissés pour compte, ceux qui sont les exclus du système économique et social (la majorité). Pour tout ceux-là, si les politiques actuels ne font rien, demain ils grossiront les rangs lepénistes ou megrétistes (sarkozystes ?).  On sait ce qu'on perd, mais on ne sait  pas ce qu'on gagne dit le dicton. Certes, mais lorsqu'on n'a plus rien à perdre...

    <o:p> </o:p>

    Donc pas de triomphalisme.  Car même si M. Le Pen a été défait hier, ses idées et son talent d'orateur ont commencé à s'immiscer doucement dans les consciences. Une fois qu'on a laissé le diable entrer chez soi, il ne demande plus à ce qu'on l'en sorte. Et petit à petit, il s'installe, on s'habitue à sa présence, il effraie moins, il terrorise moins. Et tel un mal qui nous ronge, il grandit et grossit jusqu'à gangrener l'ensemble du corps social. Il est temps de réagir ; mais il est déjà trop tard, le corps est trop souffrant, il s'effondre, il va mourir...


    C'est ce qu'on appelle plus communément la « lepénisation » des esprits.

    <o:p> </o:p>

    Méditons en guise d'avertissement ce bon mot de Thomas Jefferson : « Si tu es prêt à sacrifier un peu de ta liberté pour un peu plus de sécurité, alors c'est que tu ne mérites ni l'une ni l'autre. »

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>

     


    1 commentaire
  • "Si l'utopie est désaliénante dans les rêves, elle devient répressive dans les pratiques"

     


    A l'heure du pessimisme et de la morosité ambiante au sein de la société française (du moins est-ce le discours des nouveaux idéologues modernes, aussi appelés "déclinologues"), l'investiture dithyrambique de M. Sarkozy doit nous amener à nous interroger ur les raisons d'un sacre, voire d'un sacrement. 3,5 millions d'euros de dépensé dans les caisses de l'UMP pour servir les rêves de grandeur et de démesure de son leader aujourd'hui incontesté (et pourtant si contestable!).


    M. Sarkozy séduit. il ne laisse personne indifférent. il passionne les foules, par la vénération que certans lui portent ou bien même par la potentielle dangerosité que les autres suspectent. mais dans les deux cas, nous sommes bien dans le passionnel, dans un relation basée sur de l'irrationnel. plus qu'un programme, c'est un homme qui s'est vu investir. c'est un leader charismatisqu (au sens où Max Weber l'entend). qu'il surfe sur des positions ultra-libérales, extrémistes ou socialistes afin de recueillirle maximum de suffrages n'est pas un problème pour lui.


    les politiques se font élire sur un programme, sur des faits, sur des actions certes, mais un président se fait aussi et put-être avant tout élire sur un charisme, sur une personnalité. et M. sarozy plus que quiconque peut-être (plus que Mme Royal cetainement) en joue abusivement. ceux qui le vénèrent idolâtrent l'homme ; ceux qui le détestent exècre le personnage, voient en lui un "dictateur refoulé". on est bien dans un lien purement passionnel, où la dimension subjectie l'emporte sur le reste.


    mais le danger est bien là : a trop se concentrer sur le personnage (d'ailleurs, le terme de personnage s'accommode bien aux politiques en général puisque étymologiquement, il signifie le "masque"), on en oublie les faits. a trop admirer l'apparat, on n'en est aveuglé. Or, au royaume des aveugles, on sait qui sont les rois...


    essayons de prendre un peu de distances face au personnage et à la fascination qu'il suscite pour s'intéresser aux discours attardons nous aujourd'hui sur un sujet phare de son programme :


    - M. Sarkozy prône la discrimination positive. le débat est ouvert sur le sujet mais néanmoins, et cela n'engage que moi, je pense que le concept porte en lui ses propres "fleurs du mal". je sais que le temps est à l'oxymore, à la débauche des slogans/concepts d'inclusion d'opposés, il n'en reste pas moins que la pertinence de la chose m'échappe. qu'est ce qu'une discrimination positive? est-ce favorisé les minorités ethniques afin qu'elles bénéficient d'un traitement social, politique et économique équitable par rapport aux autres? mais cela rnvoie à la définition de la catégorie ethnique. qu'est-cequ'une catégorie ethnique? il n'y a malheureusement pas de réponse qui sonneraient comme un constat d'évidence. une ethie, c'est une communauté d'échanges, de partages liée autour d'un langage commun, de pratiques culturelles communes, d'identité socio-culturelle similaire, d'une origine géographique, historique commune. mais on peut aussi aller plus loin dans la définition et considérer comme ethnie tout groupe social qui se revendiquerait d'une identité singulière avant toute ientité républicaine. or, la France est un pays républicain, où la première des identités est l'identité de citoyen français, attaché aux valeurs répulicaines. certes, l'idéal théorique est souvent éloigné de la réalité pratique. mais alors, il faudrait catégoriser à ce titre les bretons, les alsaciens, les corses, les marseillais, parisiens, etc. comme des catégories ethniques à part entières. et pourquoi aussi les homosexuels, puis les handicapés, les jufs, les musulmans, etc. on voit bien quels sont les dangers potentiels d'une telle catégorisation.


    la discrimination positive (et avec elle la catégorie ethnique)est un concept qui part peut-être d'une intention généreuse mais qui pote un risque inhérent qui peut s'avérer dangereux : c'est qu'elle amène à créer ce qu'elle veut dénoncer. pour cela, traversons l'océan et observons les effets de l'"affirmative action" comme on l'appelle outre-atlantique. certes, les minorités noires accèdent aux études supérieures, certes certains ont des postes importants même au sein du gouvernement, mais les ghettos perdurent, le communautarisme demeure : en californie, hispaniques, noirs et blancs ont leur porpre plage attribuée selon des critères ethnico-raciaux. de la même manière, les "gated communities" (l'équivalent en plus gigantesque de nos résidences pour classes moyennes avec piscine et court de tennis internes) aux EU sont des ensembles d'habitations dans lesquelles l'homogénéité sociale, culturelle, économique et ethnico-religieuse est prégnante. de vastes ensembles de propriété privée où vivent "entre-soi" des middle class, blanches, de préférence catholique, dont les enfants vont dans les mêmes écoles et pratiquent les mêmes activités. et à côté de cela les ghettos s'étendent toujours.


    prôner la discrimination positive afin de favoriser les minorités pore également un autre effet pervers venant renforcer le communautarisme : la non-reconnaissance des compétences. en effet, si demain un noir, un magrhébin, un cambodgien, etc. obtient le droit d'entrée à une grande école, ou un poste bien placé, la discrimination positive risque de se retourner contre lui : combien hurleront au scandale, se pensant lésé (à tort ou à raison, là n'est pas la question)? combien seront-ils à penser que si les minorités accèdent aux responsabilités aux grandes écoles, etc. ce n'est pas pour leurs compétences et aptitudes intellectuelles mais simplement du fait d'une politique de dsicrmination positive. voilà l'effet pervers de la chose : réussir à dresser les individus les uns contre les autres et ce faisant, renforcer ce qu'on chercher à éviter: le communautarisme et la montée des extrémismes.


    en fait, deux visions s'opposent dans ce schéma : ceux qui voient dans la discrimination positive un moteur du changement et la petite hiquenaude nécessaire pour faire accéder certaines catégories à une égalité républicaine face à l'emploi, le logement, l'école, etc. ce faisant, une politique efficace serait donc une politique qui serait amener à disparaître, puisqu'elle aurait permis à la société et à la conscience collective d'avancer dans la voie d'une plus grande et plus équitable reconnaissance des minorités, réduisant ainsi les risques de communautarisation.


    les autres, qui voient dans la discrimination positive une source de danger pour le vivre-ensemble républicain (qui me direz-vous est déjà bien menacé), y décelant des effets pevers importants dont on ne mesure pas nécessairement l'ampleur (malgré les exemples anglo-saxons édifiants). plutôt qu'y voir un moteur d'une reconnaissance plus grande, ils y voient le moteur d'un renforcement du communautarisme. plutôt que favoriser l'égalité elle risque de développer le mécontentement et la frustration de ceux qui se jugeront lésés au profit des individus aidés par cette politique de discrimination positive.


    alors, certes, on peut avoir une vision optimiste des choses, dans un monde merveilleux et idyllique où les hommes seraient amener à partager et à échanger davantage ensemble. mais on peut aussi avoir une vision plus pessimiste, en se disant que la peur de l'altérité est une composante de la nature humaine, qu'il faut par tous les moyens la combattre, montrer à quel point elle est infondé lorsqu'elle porte sur des critères de distinctions raciales (qui ne sont rien d'autres que des critères purement idéologiques), mais qu'elle est en soi inhérente à la condition humaine, qu'elle porte cette part d'"inquiétante étrangeté" freudienne, à la fois si proche et si éloignée, si voisine et si méconnue. on n'impose rarement le vivre-ensemble : on peut le promouvoir, on peut s'en féliciter, mais il est très difficile de vouloir le créer artificiellement. à l'heure où l'on dresse des murs autour de nos frontières (Etats-Unis ; Europe) où l'on élève la hauteur de nos haies pour se séparer de nos voisins, où l'on boucle à double, voire triple tours nos portés d'entrée, il est utopique de penser qu'une politique de discrimination positive porte en elle les fruits d'u mieux vivre ensemble. elle en a peut-être les apparats, mais le fruit porte déjà son ver...


    à bientôt.


     


     


    2 commentaires