• Qui fait l'ange fait la bête... ou le jeu menaçant des Banques centrales (1)

    Depuis la crise financière mondiale débutée en 2007 aux Etats-Unis (dite crise des subprimes – c'est-à-dire un système de prêts à taux variables à des ménages peu solvables qui ont finit par ne plus pouvoir rembourser), l'économie mondiale a subi un ralentissement drastique. Pour y faire face, les banques centrales ont alors inondé les marchés de liquidités, afin d'éviter une crise de l'ampleur de celle des années trente, après le krach de 1929.

    Certes, le malade était agonisant et il fallait réagir rapidement et de manière claire : c'est ce qu'a fait la FED (banque centrale des Etats-Unis) dans un premier temps, en baissant à plusieurs reprises ses taux d'intérêt, suivie quelque temps plus tard par la BCE pour la zone euro.

    Mais vouloir s'acharner comme les banques centrales le font encore aujourd'hui, à maintenir l'accès facile à la liquidité, c'est prendre le risque de créer les conditions pour une nouvelle crise financière d'une ampleur au moins égale, sinon pire que la précédente.

    Comme le disait la célèbre publicité, si « la Sécurité sociale, c'est bien, en abuser, ça craint !». on peut en dire peu pareil de la politique monétaire expansionniste menée par les banques centrales depuis 2008. Vouloir relancer l'activité en pleine zone de turbulences sur les marchés, c'est bien, mais maintenir le marché sous perfusion après la tempête, c'est prendre le risque de précipiter la prochaine et surtout de ne pas pouvoir se protéger lorsqu'elle arrivera.

    Expliquons nous un peu mieux.

    Avant tout, il faut savoir que le rôle premier des banques centrales est de surveiller l'état de circulation de la monnaie dans une économie. Pour dire les choses simplement, plus un marché est fluide, c'est-à-dire plus sa monnaie circule bien, plus l'économie est dynamique, et inversement. Aussi, les banques centrales surveillent-elles en permanence, grâce à des indicateurs multiples, l'état de circulation de la monnaie, à la manière des caméras de surveillance sur les autoroutes qui surveillent le trafic en temps réel et préviennent des risques d'embouteillages qui ralentiraient les automobilistes.

    Selon que l'activité économique est plus ou moins importante, que les agents (entreprises, ménages) échangent plus ou moins entre eux (consommation, investissement), les banques centrales vont tenter de réguler le niveau de fluidité de la monnaie sur le marché.

    Mais comment font-elles ? En fait, les banques centrales disposent de deux « armes de régulation massive » : les taux d'intérêts et l'injection de monnaie.  Ainsi, en période de crise économique (comme en 2008-2009), où les institutions financières commençaient à chavirer fortement (litote...), voire couler complètement pour certaines (Lehmann Brothers pour la plus importante), les entreprises et les ménages avaient plus de difficultés pour investir et consommer, faute d'accès aux crédits par ces mêmes institutions financières. Certaines entreprises ont fait faillite, d'autres ont eu des problèmes de trésorerie ou ont vu leur profits se réduire comme neige au soleil, et dans ces cas là, il arrive ce qui doit malheureusement arriver... elles furent contraintes de licencier.

    Dans le même temps, le taux de chômage augmentant, c'est le pouvoir d'achat des ménages qui se contracte, donc leur capacité à consommer.

    L'économie étant un vaste mécanisme où chaque ensemble se répond, si la consommation baisse, c'est la production qui baisse, créant du chômage et une baisse encore plus importante de la consommation, ainsi de suite... avec le risque d'entrer dans ce que les économistes redoutent le plus au monde et appellent une spirale déflationniste (une situation dans laquelle le prix des produits ne cesse de baisser, pour compenser la baisse de consommation....).

    Très bien ! Me direz vous. Les prix n'ont qu'à baisser !  La vie est suffisamment chère comme ça ! Le problème, c'est que c'est un peu plus compliqué que cela... En fait, si les prix baissent, ce sont les entreprises qui produisent ces produits qui risquent de voir leurs marges s'effondrer, leur profits disparaître, et à la clé, devoir mettre cette dernière sous la porte... ce qui veut dire licencier, donc augmenter encore un peu plus le chômage, donc réduire encore un peu plus la consommation, etc, etc. Autrement dit, la baisse des prix risque d'entraîner une baisse encore plus importante des prix et avec elle un accroissement du chômage.

    En plus, si les prix baissent, qu'est-ce que vous allez avoir tendance à faire ? Si vous n'êtes pas pressés de changer votre dernier Iphone ou de refaire votre salon, vous allez sans doute reporter votre achat à plus tard, en anticipant une continuation de la baisse des prix. Eh oui ! Vous êtes (normalement) un être rationnel (en fait, c'est même la base du raisonnement économique), qui raisonnez en partie avec votre porte-monnaie quand il s'agit de consommer/d'investir, et si vous constatez que les prix chutent, vous allez sans doute retarder vos investissements et vos achats pour profiter de prix encore plus bas par la suite. Mais en faisant cela, vous ne faites que renforcer un peu plus la crise... puisque vous ne consommez pas mais préférez épargner, et ce d'autant plus que l'épargne devient dès lors profitable si les prix baissent.

    Revenons alors à nos moutons (enfin, plutôt à nos banques centrales).

    Il devient nécessaire pour elles d'agir afin d'éviter ce scénario catastrophe d'une spirale déflationniste : c'est là qu'elles mettent alors en œuvre ce qu'on appelle une politique monétaire expansionniste, où il s'agit tout simplement de répandre de la monnaie dans le circuit pour redonner de la fluidité sur les marchés.

    C'est ce qui s'est passé dès 2008 ; les banques centrales ont utiliser l'arme des taux d'intérêt. Cela consiste à faire baisser les taux d'intérêts afin que les institutions financières (banques privées par exemple) leur empruntent plus facilement de l'argent (puisque celui-ci devient moins cher de fait). Ce faisant, si les banques paient moins chère la monnaie qu'elles empruntent aux banques centrales, elles pourront, à leur tour, en prêter plus facilement aux agents économiques à des taux plus intéressants. Le but de la manœuvre est assez simple : il s'agit de dire aux ménages et aux entreprises : Consommez et investissez ! Répandez vous en biens et en services ! Les taux d'intérêts sont bas, c'est le moment de se lancer !

    Tout cela fonctionne bien dans un monde parfait où les banques acceptent de prêter facilement aux agents économiques. Mais c'est justement ce qu'elles ont eu du mal à faire dans la réalité, ce qui n'a pas permis de relancer véritablement l'activité économique. Et si les banques n'ont pas tout à fait joué le jeu de prêter plus facilement de l'argent, c'est tout simplement parce qu'elles avaient les « chocottes » (le « couillomètre à zéro » selon l'expression imagée d'un ancien Président de la République). Mais de quoi avaient-elles bien peur ? De ne pas être remboursées si les entreprises faisaient faillite.

    À ce jeu là, elles ne prêtent jamais alors... ou qu'aux riches (c'est bien connu). ! En fait, et c'est là qu'on atteint au cœur de l'économie et de la réalité sous-jacente sur laquelle elle repose : si les banques n'ont pas vraiment prêtées, c'est qu'elles n'avaient pas confiance Et oui, derrière les chiffres, les mécanismes, les formalisations mathématiques, il y a des hommes qui échangent.

    Et pour échanger, il faut de la confiance...... (à suivre).

     

     


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