• La socialisation (2ème partie)

    Après s'être intéressé aux modèles théoriques d'essence plus déterministes (Durkheim, Parsons, Bourdieu entre autres), nous allons désormais axés notre regard sur les modèles de socialisation dynamiques, qui mettent l'individu au coeur du processus socialisateur en lui rendant son rôle d'acteur de sa propre socialisation. l'avantage du modèle dynamique est qu'il colle mieux à la réalité de nos sociétés modernes, sociétés réflexives où l'individu est reconnu dans sa singularité et sa capacité à réflechir sur lui-même et le monde qui l'entoure. 

     

    B.   Les modèles dynamiques
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>
    Les modèles dynamiques mettent l'accent non plus sur la structure sociale en tant que source et moyen uniques de socialisation et d'intégration de l'individu, mais sur l'interaction qui résident au cœur de la vie sociale dans les rapports qu'entretiennent entre eux les individus.
    Au lieu de la structure (extérieure et coercitive), on considère les actions entre individus (libres et qui répondent à des logiques individuelles).
    <o:p> </o:p>Chaque individu dispose donc de « logiques d'action hétérogènes ». c'est-à-dire que pour une situation sociale donnée, chaque individu aura des possibilités d'agir multiples, et aura le choix d'agir à sa guise (même si une forme d'action domine toujours davantage dans nos sociétés : celle mise à jour par Weber→ action rationnelle-légale.
    <o:p> </o:p>Les trois types d'action sociale chez Weber :
    Il existe un mouvement massif vers le passage à un type de socialisation sociétaire. Socialisation sociétaire qui est basée sur des règles rationnelles, mais cependant il demeure encore des types de socialisation communautaires, moindre certes, mais toujours vivace.
    Rappel de la différence entre société/communauté
    -                           lien plus informel / lien fort
    -                           relation indirecte / relation directe
    -                           rationalité des actions / actions plus affectives
    -                           comportements et actions dictés par la loi/ comportements dictés par la tradition.
    -                           Individu : fonction et statut / individu : pris dans le groupe.
    <o:p> </o:p>Dans la société communautaire, l'action est davantage située sous le joug de la tradition, du groupe, de l'affectivité tandis que dans la société sociétaire, l'action sociale est située sous celui de la loi (légalité), plus individualiste et rationnelle.
    <o:p> </o:p>La société moderne est caractérisée par une socialisation de type sociétaire où l'action sociale est davantage engagée sous le signe de la rationalité mais pas uniquement. Il reste des îlots communautaires au sein même des lieux sociétaires :
    <o:p> </o:p>□ Ex de la classe :
    La classe est l'expression du lien sociétaire : groupe d'individus liés par un lien informel : les mêmes études. Pas de lien direct et de relation forte entre les membres de la classe dans un premier temps → actions rationnelles à finalité unique → avoir son BTS. De plus, des règles légales s'imposent → délégué, représentant de l'ensemble de la classe, conseils de classes, etc...
    Cependant, la classe peut devenir un lieu d'expression d'un lien communautaire : les individus se lient d'amitié, les relations sont plus affectives. Un lien plus direct s'établit entre les membres. La finalité peut rester la même mais d'autres se mettent en place : rencontrer des amies, faire la fête, etc.
    → Ces liens plus communautaires vont pouvoir influencer l'action sociale rationnelle. L'individu n'a pas une seule manière d'agir.
    <o:p> </o:p>La socialisation ne répond plus à une injonction (ordre) venue de l'extérieur, mais à des logiques d'actions de l'individu face à autrui ou à la société. Ici, on rend sa part de liberté à l'individu. 
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>I.                   L'approche psychosociale
    <o:p> </o:p>1. théorie de G. H. Mead (1863-1931)
    <o:p> </o:p>Dans L'esprit, le soi, la société (1933), il fait apparaître sa conception de la socialisation comme rencontre avec autrui.
    Fondateur de l'interactionnisme symbolique (ou interactionnisme). Pour lui, la réalité sociale est le produit des actions entre les individus (activités interagissantes).
    La socialisation est considérée comme la construction d'une identité sociale dans et par l'interaction ou la communication avec les autres (Simmel, Weber).
    Sa théorie met en avant ce qu'il appelle « l'agir communicationnel » à l'opposé de l' « agir instrumental » qui qualifie processus de socialisation jusqu'à maintenant.
    <o:p> </o:p>Agir instrumental : l'individu agit selon des règles, des codes institués de l'extérieur. Son comportement est instrumentalisé. C'est-à-dire utilisé de l'extérieur dans un but bien précis. (dans la socialisation, c'est l'idée que l'individu est le produit de la société qui lui dicte ses comportements de manière à l'intégrer correctement)
    <o:p> </o:p>Agir communicationnel : l'individu agit par la communication. Il faut prendre communication au sens large du terme : le geste, le regard, la rencontre, l'échange avec autrui. La communication nécessite la rencontre à l'autre, et l'adaptation à l'autre. La communication, c'est la base de l'interaction.
    L'acte élémentaire de la communication pour Mead, c'est le geste.
    Il distingue deux types de gestes :
    -                           le geste réflexe (courir quand on a peur, se protéger quand il pleut)
    -                           le geste symbolique (tendre la main pour saluer, incliner la tête, etc) : pour lui le geste symbolique correspond à ce qu'il appelle le langage.
    <o:p> </o:p>Ces gestes symboliques (= qui font lien et qui sont significatifs) sont compris des deux parties et font naître chez celui qui les accomplit les mêmes réactions que chez celui qui les reçoit. Cette réaction est identique pour tous les individus appartenant aux mêmes références socio-culturelles, groupe social ou société.
    <o:p> </o:p>Ces gestes symboliques sont multiples et récurrents (répétitifs). C'est de leur répétition que les choses se mettent en place petit à petit. C'est dans la rencontre renouvelée à l'autre que le processus de socialisation se met à jour (rejoint Simmel : société comme la somme des actions réciproques).
    <o:p> </o:p>Pour Mead, l'individu passe par trois étapes dans son processus de socialisation :
    socialisation par le jeu : processus mimétique. L'enfant s'identifie à des autruis significatifs (père, mère, maîtresse, frère...). Par le jeu, il réitère et intériorise les normes et les règles. (du moins celles qui lui sont référencées).
    Socialisation par identification à l'autrui généralisé : l'autrui généralisé, à l'opposé de l'autrui significatif, correspond au monde plus large du dehors. Le jeu de l'enfant va se structurer.
    Ex du foot : l'acquisition de la règle du non-droit de sortir du terrain avec le ballon va progressivement se faire, ou l'interdit de marquer avec la main.  L'enfant va faire dans cette phase l'acquisition des règles et des conduites du monde extérieur. Autrui devient l'organisation sociale.
    Cette identification à cet autrui généralisé est la phase centrale du processus de socialisation pour H. G. Mead défini comme construction du Soi (conformité aux règles imposées de l'extérieur par le football).
    Socialisation par la reconnaissance du Soi au sein du groupe : après avoir appris les règles, l'individu doit maintenant se montrer, se singulariser au sein du groupe. Il devient acteur de sa communauté d'appartenance. C'est la phase qui correspond au passage du Moi au Je, du simple membre conforme du groupe, à l'individu actif et singulier au sein de ce groupe.
    <o:p> </o:p>Exemple du football : conformité du Moi : membre de l'équipe, douche comme tous, entraînements comme tous, repas commun...
    Singularité/originalité du Je : je suis gardien de but, capitaine de l'équipe, je suis attaquant, le type sympa qui rigole tout le temps, etc... Chacun définit son propre rôle et sa propre individualité au sein du groupe.
    <o:p> </o:p>Pour Mead, c'est de cette action, de cette affirmation dernière que va dépendre le bon aboutissement de la socialisation de l'individu et la consolidation de son identité individuelle et sociale.
    Pour Mead, socialisation et individualisation vont de pair → ce qui permet d'expliquer l'intégration dans les sociétés modernes efficacement.
    <o:p> </o:p> Le Soi est donc le produit de la construction entre :
    → le moi :  révélateur de la conformité au groupe (normes, valeurs, etc).
    → le je : révélateur de l'identité individuelle, distincte du groupe
    Le Moi est du côté de la société, le Je du coté de l'action individuelle.
    <o:p> </o:p>Le Soi est donc tiraillé entre conformité et distinction. Il risque de se faire écartelé entre l'identité collective du Moi synonyme de conformité, de passivité, de discipline, et l'identité individuelle du Je, synonyme d'originalité, de créativité, de dynamisme mais aussi de risques et d'incertitudes. (exemple de la mode : la distinction, osée peut s'avérer risquée)
    <o:p> </o:p>La socialisation est vue ici comme la construction progressive de l'individu social (Soi) en tant que membre d'une communauté (conformité et originalité). Ce qui fait de l'individu un participant actif de la société qu'il contribue à produire, reproduire, et modifier par l'intermédiaire de cette socialisation communicationnelle (interactive).
    <o:p> </o:p>L'individu est acteur de sa socialisation et du dynamisme social → non pas un produit de la société, mais le producteur de celle-ci.
    <o:p> </o:p>En se socialisant, l'individu crée la société autant qu'il la reproduit. La socialisation se fait donc dans l'interaction avec autrui. La socialisation n'est pas seulement un processus de transmission/intériorisation des normes et des valeurs d'une culture donnée (Durkheim, Parsons, Bourdieu), mais elle devient un processus de construction de l'être social, de l'identité du moi dans l'interaction.
    <o:p> </o:p>• Où se situe alors le défaut de socialisation ? Le danger de la perte du lien social ?
    <o:p> </o:p>→ Chez Durkheim, dans l'absence de règles bien définies (l'anomie) par la structure sociale. Le défaut de socialisation/d'intégration provient encore de l'extérieur, quelque soit sa forme (excès ou manque d'intégration/régulation)
    <o:p> </o:p>→ Dans la conception interactionniste, le danger de la perte de lien social provient du trop grand décalage qui peut exister entre les impératifs du Moi et les « intérêts démonstratifs » du Je. L'individu se construit dans un mouvement de balancier incessant entre la conformité au groupe, aux règles et sa propre personnalité, créativité. Le moi veut se conformer, tandis que le Je veut se singulariser, se montrer. Décalage trop grand→ rupture.
    <o:p> </o:p>Ex : le refus de toute hiérarchie pour le je → non-conformisme aux règles de hiérarchie sociale      → échec dans le monde du travail/école
                      → possibilité de réussite dans des activités artistiques, expression de l'égotisme du je.
    <o:p> </o:p>A l'inverse, si le « je » ne s'identifie pas, danger aussi d'un manque d'intégration par défaut. L'individu n'est qu'un parmi la foule des autres → sentiment de non existence → rejoint Durkheim mais l'explication n'est pas à rechercher dans la structure sociale mais dans la non-action de l'individu au sein du groupe.
    <o:p> </o:p>Si les intérêts démonstratifs du Je prennent le dessus sur le conformisme du Moi ou l'inverse, le Soi se construira de manière déséquilibré, ce qui engendrera des problèmes dans l'interaction, donc dans la communication, donc dans la socialisation.
    Ici, le défaut d'intégration/socialisation est le fait d'un décalage entre conformisme et originalité, il est le produit de la construction sociale de l'individu. 
    <o:p> </o:p>2. Modèle de Piaget (cf cours psycho)
    <o:p> </o:p>Le développement et la socialisation de l'individu sont conçus comme un processus actif d'adaptation discontinue à des formes mentales et sociales toujours plus complexes.
    Cette adaptation suit deux mouvements complémentaires :
    L'assimilation qui consiste à « incorporer les choses et les personnes extérieures » aux structures déjà présentes. C'est un mouvement qui va de l'extérieur vers l'intérieur.
    □ Ex de la succion : le monde est une réalité à sucer → incorporation du monde extérieur par la mise en bouche. Par la suite l'enfant s'arrêtera de sucer certaines choses.
    <o:p> </o:p>L'accommodation qui consiste à « réajuster les structures en fonction des transformations extérieures ». C'est un mouvement qui part de l'individu et qui va vers l'extérieur.
    □ Ex de la succion : si on lui dit qu'un objet est sale « c'est caca » → arrêt de la succion par accommodation aux données extérieures.
    <o:p> </o:p>On a donc une conception dynamique de la socialisation par processus d'assimilation/accomodation.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>On est dans une approche en terme de déstructuration/restructuration permanente. Edgar Morin parlerait de processus d'organisation/désorganisation/réorganisation du monde et ce faisant de l'identité.
    Entre chaque équilibrage successif (6 pour Piaget je crois), il y a crise, donc dynamisme et de nouvelles formes de transaction (assimilation/accommodation) se mettent en place, qui débouchent sur un nouvel équilibrage entre l'individu et son milieu environnemental.
    <o:p> </o:p>Sur le plan de la théorie psychologique :
    L'assimilation consiste à rendre l'environnement favorable aux désirs du sujet → principe de plaisir freudien (l'enfant veut tout mettre à sa bouche)
    L'accommodation consiste en une modification du sujet pour répondre aux pressions de l'environnement → principe de réalité freudien. (l'enfant s'interdit certaines choses)
    <o:p> </o:p>La socialisation est donc un processus permanent et évolutif de construction du sujet (identitaire) en interaction avec son environnement extérieur.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>II.                Le concept de socialisation primaire/secondaire
    <o:p> </o:p>En 1966, Peter Berger et Thomas Luckmann publient La Construction sociale de la réalité, ouvrage qui prolonge en partie les idées de Mead sur la socialisation, mais en ajoutant une distinction importante entre socialisation primaire et socialisation secondaire (distinction aujourd'hui acquise).
    <o:p> </o:p>1.      la socialisation primaire
    <o:p> </o:p>Elle correspond à l'incorporation d'un savoir de base avec l'apprentissage du langage qui constitue ce qu'ils appellent :
    -                           « la possession subjective d'un moi et d'un monde » 
    -                           la consolidation des rôles sociaux
    Cette socialisation primaire se joue essentiellement dans la famille et à l'école dans la petite enfance. Elle va donc favoriser des différences de socialisation en fonction des types de famille que l'école essaie d'équilibrer par l'apprentissage de savoirs et de comportements communs à tous.
    Cette socialisation primaire (famille/école) est basée sur la transmission/incorporation des savoirs de base et repose sur deux étapes :
    → la relation famille/école
    → la relation enfant/adulte en charge de leur socialisation
    <o:p> </o:p>Socialisation primaire : dans la relation à autrui inégalitaire puisque autrui gouverne aux comportements. La socialisation primaire est la socialisation des enfants, et elle est fortement basée sur l'affectif, sur l'émotion. → D'où l'importance du lien familial. Essentiellement une transmission/intériorisation.
    <o:p> </o:p>
    1. la socialisation secondaire.
    <o:p> </o:p>Cette socialisation n'est pas la reproduction de la première, elle en est sa continuation. (elle la prolonge mais ne la reproduit pas forcément).  La socialisation secondaire est définie comme « intériorisation de sous-mondes sociaux spécialisés ».  Qu'est-ce que ça veut dire ?
    Elle correspond aux passages de l'individu dans différentes sphères sociales et institutionnelles (travail, asso, club, univers religieux, etc) dans lesquelles il va intérioriser les règles propres à chacun de ses groupes.
    Les individus vont développer de nouveau savoirs spécifiques à leurs sphères sociales d'activité.
    <o:p> </o:p>Deux possibilités :
    Soient ces savoirs prolongent tranquillement le contenu des savoirs acquis pendant la phase de socialisation primaire, soient ils rompent radicalement avec ceux-là.
    <o:p> </o:p>Exemple :
    L'enfant s'aperçoit en grandissant que les savoirs de son univers d'appartenance sont ceux des non-éduqués, des classes sociales inférieures. Lui-même se rend compte qu'il n'est plus du tout dans ce « moule ».
    Les savoirs que l'enfant a intériorisés dans sa famille, dans son monde d'appartenance diffèrent radicalement de ceux qu'il a maintenant.
    <o:p> </o:p>Pour les auteurs, ce remaniement des savoirs passe par ce qu'ils appellent des « chocs biographiques ». Ces chocs biographiques vont permettre de « désintégrer la réalité massive intériorisée au cours de la prime enfance ». Ce sont des processus de changement de monde. Ils correspondent à une logique de déstructuration/restructuration du monde et de l'identité.
    <o:p> </o:p>Pour réussir cette transformation, cette déstructuration/restructuration, un ensemble de conditions sont nécessaires :
    prise de distance des rôles → disjonction (séparation) entre identité réelle et virtuelle
    fort engagement personnel afin d'assurer une identité forte au prochain rôle visé
    un processus institutionnel d'initiation pour aider à la transformation du monde de l'individu.
    l'action d'un appareil de conversation afin de modifier et de reconstruire la réalité subjective
    l'existence d'une structure de plausibilité, c'est-à-dire une institution médiatrice permettant le passage de l'identité passée à l'identité future, avec conservation de l'identité passée.
    <o:p> </o:p>Ces conditions sont d'autant plus difficiles à remplir que la disjonction entre identité issue de la socialisation primaire diffère de celle issue de la socialisation secondaire. Plus les « autruis significatifs » sont différents, plus le remaniement des savoirs est difficile à réaliser.
    <o:p> </o:p>□ Exemple de cas d'altération radicale de l'identité :
    -                           la conversion religieuse : monastique, fanatique, sectaire
    -                           l'endoctrinement politique : idées radicales, révolutionnaires, xénophobes
    On a les 5 conditions précédentes :
    → prise de distance des rôles : « avant je pensais que... maintenant je pense que... »
    → fort engagement perso : identification au groupe, partage des idées, voix forte.
    → processus d'initiation : la sphère sociale l'accueille et l'accepte : elle l'initie aux savoirs et aux règles propres à son domaine.
    → l'action d'un appareil de conversation : échanges d'idées, débats, lignes de conduites à suivre toujours répétée et intériorisée par les individus. Par la récurrence des propos, un endoctrinement moral et psychique s'établit modifiant la réalité du sujet.
    → la structure de plausibilité : on légitime la nouvelle identité → « non avant tu n'avais pas tort, tu n'étais pas stupide, tu étais ignorant c'est tout ...»
    <o:p> </o:p>Pour les auteurs, si socialisation primaire et secondaire peuvent différer (changement social /reproduction sociale), elles sont néanmoins dépendantes l'une de l'autre. La socialisation secondaire n'efface jamais totalement l'identité construite pendant la première.
    La socialisation primaire correspond aux savoirs de base → construction de l'identité générale. (Moi)
    La socialisation secondaire correspond aux savoirs spécialisés → construction des identités spécialisées. (Je)
    <o:p> </o:p>Aparte : Comme chez Mead, la question de l'articulation entre identité générale/moi (identité sociale) et l'identité spécialisée/Je (identité professionnelle, politique, etc) n'est pas résolue.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>Les avantages de la théorie de Berger/Luckmann :
     la socialisation ne s'arrête pas à la sortie de l'enfance. Le concept de socialisation secondaire est là pour montrer qu'elle se poursuit à l'âge adulte et tout au long de sa vie. La socialisation n'est jamais totalement achevée. Elle n'est « ni totale ni terminée », mais se poursuit tout au long du parcours de vie. L'identité des individus n'est donc pas figée à la sortie de l'enfance mais continue d'évoluer en fonction des différentes sphères sociales d'appartenance.
    → elle permet d'aborder et de comprendre le changement social au travers de ce concept de socialisation secondaire. Le changement social est inséparable de la transformation des identités.
    <o:p> </o:p>Question : Avec cette théorie où se situe le problème de la perte du lien social ? Le défaut  de socialisation ?
    <o:p> </o:p>Chose importante : si la théorie permet d'expliquer le changement social, il faut savoir que la reproduction sociale reste la règle dans la société (homologie). Cependant, il peut arriver parfois que le décalage entre primaire et secondaire amène soit :
    -                           conversion de l'identité → changement social, pas de rupture du lien social.
    -                           Crise durable → perte du lien social
    <o:p> </o:p>C'est ce que les auteurs appellent « l'alternation manquée ». Cette alternation manquée peut conduire à une crise durable. Elle correspond aux situations où la socialisation primaire devient problématique dans la poursuite de sa construction identitaire. L'identification aux autruis significatifs (parents, groupe d'appartenance) perd de sa force, voire devient inexistante. Il se crée alors ce qu'ils appellent un « marché des mondes disponibles ».
    La socialisation secondaire n'est pas difficile parce que la primaire est manquée, mais parce qu'elle est en décalage énorme avec la réalité sociale du monde extérieur. Les individus doivent modifier leur identité générale (première), afin de la rendre compatible avec l'identité spécialisée (secondaire).
    <o:p> </o:p>Exemple
    Un jeune maghrébin né en France (3ème G).
    Socialisation primaire : savoir de base incorporés par la structure familiale : respect de l'autorité du père, de la tradition, travail difficile pour peu d'argent, etc, rôle de la femme, etc.
    L'individu vit et se construit dans le seul monde existant et concevable à ses yeux. Il va intérioriser les modèles de conduites typiques à son groupe d'appartenance.
    Dans cet univers social et culturel :
    -                     domination patriarcale
    -                     solidarité familiale
    -                     méconnaissance de l'Islam
    Adolescence/monde du travail : face à des univers spécialisés
    Socialisation secondaire : la rupture peut être totale. Les nouveaux savoirs diffèrent totalement de ceux des parents (autorité de la femme=homme ; modernité/tradition ; impression de réussite et d'argent facile/difficulté du travail pour peu, société laïque, etc) Il y a perte des repères identitaires entre l'appartenance d'origine et l'appartenance culturelle.→ disjonction identité réelle/virtuelle
    → possibilité de la perte des repères si pas de structures d'accompagnement et de légitimation (processus institutionnel d'initiation/appareil de conversation/structure de plausibilité) de ces nouveaux savoirs sans renier les anciens.
    → risque de rupture du lien social
    → restauration possible par des instances puissantes de légitimation (religieuse/politique) souvent de types communautaires (liens forts et durables).
    <o:p> </o:p>Il existe aussi un autre type de rupture possible du lien social : lorsque la socialisation primaire n'a pas réussie à structurer une identité sociale stable, la socialisation secondaire n'y parviendra pas → la déstructuration de l'identité acquise lors de la socialisation primaire est quasiment irrécupérable, donc définitive. L'individu est déstructuré de manière durable. Cela s'applique  par une logique de l'exclusion de l'espace social :
    → soit asile de fous
    → soit la prison
    → soit la rue
    <o:p> </o:p>Cette perte de lien social est liée ici à une quasi-absence de socialisation ou une socialisation hors des normes véhiculées par la société. L'incorporation des savoirs de base n'a pas été effectuée correctement → sanction sociale.
    <o:p> </o:p>□ Ex des SDF : dans quasiment tous les cas, il y a une déstructuration liée à des repères familiaux instables (violences, indifférence, peu d'affectivité, etc)
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>3. Conclusion 
    <o:p> </o:p>Cette théorie relève donc quatre grands modèles de socialisation :
    Deux modèles d'intégration réussie
    la reproduction sociale ou le prolongement de la socialisation primaire : c'est la plus courante  (intégration linéaire)
    la conversion : modification entre identité générale et identité spécialisée. Moi et Je se complète efficacement. (intégration verticale)
    Deux modèles de rupture du lien social :
    la crisique liée à l' « alternation manquée » : décalage trop important entre identité issue de la socialisation primaire et identités spécialisées. Perte des repères identitaires et risque de rupture. (désinsertion sociale)
    l'exclusion liée à la non-structuration identitaire lors de la socialisation primaire qui entraîne une déstructuration durable de l'identité. Risque d'exclusion de l'espace social.
    <o:p> </o:p>Théorie dynamique de la socialisation car elle prend en compte et explique le changement social.
    Comme pour Mead (sur lequel elle s'inspire beaucoup), elle est une théorie de la socialisation en tant que construction sociale de la réalité par l'individu. La socialisation est entendue comme un processus de construction de l'identité sociale et individuelle, non la simple transmission/intériorisation de savoirs.
    <o:p> </o:p><o:p> Conclusion générale </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Que l'on considère la socialisation comme un processus de transmission/intériorisation des manières d'être, de penser et d'agir d'une culture donnée (fonctionnaliste, culturaliste) ou comme un processus de construction de l'identité sociale et individuelle, on se place dans des cas de figures différents et donc dans des conceptions de l'intégration, de l'exclusion, et de la déviance différentes.
    <o:p> </o:p>• Pour les uns, l'intégration est régulée de l'extérieur, elle est un fait social qui s'impose aux individus. L'intégration se fait correctement si la cohésion sociale fonctionne. La cohésion sociale, c'est l'ensemble des forces qui maintiennent les individus liés les uns aux autres.
    Pour Durkheim, c'est la solidarité organique dans les sociétés modernes.
    Pour Parsons, c'est les quatre impératifs fonctionnels de la société (système LIGA)
    <o:p> </o:p>Cette cohésion sociale trouve son origine dans la capacité de la société elle-même à réguler les comportements. Elle passe pour l'essentiel par les dépendances hiérarchiques (famille, école, Etat, travail, groupe religieux) et par le contrôle social.
    <o:p> </o:p>L'absence ou le défaut de socialisation, responsable de l'anomie (Durkheim) est le fait d'une absence de règles bien définies, un manque de régulation des institutions sociales (familles, Etat, etc.) La déviance est donc le résultat d'une contrainte extérieure qui ne pèse pas assez sur les individus ou à l'inverse qui peut peser trop. Mais elle n'est pas de leur fait.
    <o:p> </o:p>→ Réponse possible : en accentuant la répression, donc le contrôle social, on fait diminuer les conduites déviantes. Le contrôle social est à la base des comportements normés et légitimes, La répression apparaît alors comme un moyen efficace d'éviter la déviance.
    De même, en augmentant la cohésion sociale, on diminue l'exclusion.
    <o:p> </o:p>• A l'inverse, les conceptions plus dynamiques de la socialisation qui rendent son importance à l'individu et à sa capacité à jouer des règles et des contraintes pour se construire son identité, n'ont pas non plus la même vision de l'intégration, de l'exclusion et de la déviance.
    <o:p> </o:p>Dans ces conceptions, une mauvaise intégration est considérée non plus comme une absence de régulation sociale suffisante, mais comme le décalage qu'il peut exister entre l'identité première acquise et l'identité construite par confrontation au monde. (exemple des français d'origine étrangère)
    D'un côté le Moi (conformisme aux règles, au groupe d'appartenance) de l'autre le « je », expression de l'individualité, de la créativité du sujet ou plus largement expression de l'identité nouvelle. C'est donc dans le processus même de construction de la réalité sociale et de son identité que l'individu se retrouve bloqué, bancal.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>→ Réponses possible : l'accentuation de la répression n'a plus le même statut. Elle est une réponse qui se situe au bout de la chaîne. La répression n'est plus un moyen d'éviter les conduites déviantes, c'est juste un moyen de la stopper à l'arrivée.
    C'est sur l'éducation, l'accompagnement, l'interaction plus grande entre l'individu et la structure sociale que la déviance diminuera. La répression n'arrive qu'à la fin. La médiation permettra d'éviter la déviance. Conception plus dynamique, qui met l'accent à la fois sur les insuffisances de la société et sur le travail à produire des individus.
    <o:p> </o:p>La socialisation peut donc se définir comme le processus dynamique de construction de l'identité sociale et individuelle.
    <o:p> </o:p>-                     processus parce qu'elle dure tout au long de sa vie
    -                     dynamique parce que le processus peut évoluer positivement ou négativement, mais il n'est jamais statique.
    -                     construction parce qu'elle n'est pas innée ni acquise définitivement, mais peut évoluer, se transformer au contact des sphères sociales et parce qu'elle est l'œuvre aussi bien de la société que de l'individu
    -                     identité individuelle et sociale  parce que la socialisation va permettre à l'individu de se définir en tant qu'être social et être singulier à la fois. C'est l'individu lui-même qui participe à la construction de son identité dans la confrontation aux règles, aux valeurs de son groupe d'appartenance et des différents groupes sociaux auxquels il se réfère.

  • Commentaires

    1
    Vendredi 9 Mai 2008 à 17:05
    socialisation 2
    bonjour une question qui remonte à un de vos billets un peu ancien certes 29/09/2007 mais que je viens de découvrir. je pensais que le concept d'agir communicationnel était issu des travaux d'habermas et non de G.H MeAD pouvez vous m'éclairer ? Merci d'avance Trés cordialement Brigitte
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