• La campagne, Virginia Tech et les autres...

    Dans deux jours maintenant les présidentielles. Impossible de l'oublier, ou de passer à côté, tant la blogosphère, la médiasphère et tout autre « trucosphère » nous assaille de sujet, de débats, de discours, de petites phrases, de rumeurs, de vidéos, de réflexion, autour de nos candidats et de leurs campagnes respectives. Oh! Je ne m'en offusque pas, je suis le premier à suivre toute nouvelle information, à la recherche du moindre scoop disponible en temps réel sur la toile! Simplement, force est de constater que grâce (ou à cause?) de l'imminence de l'élection peu de bruit a été fait autour du procès de P. Bodein, de la mort de la jeune nantaise, du meurtre de la jeune fille par un chauffard ivre dans le Nord ou encore du procès des deux criminels incendiaires de Nohrane. Ces événements tragiques sont passés sous silence, ou pour le moins sont restés relativement secondaires, tant la campagne métastasait l'ensemble de la sphère médiatico-politique. Pas davantage de place pour le forcené de Virginia Tech, ce jeune sud coréen psychotique. Si! Tout juste en a t-on parler plus de deux jours car il avait eu la brillante idée de se filmer auparavant et de déposer la cassette de ses délires parono-schizophréno-déjantés dans un paquet direction NBC. Il avait tout prévu le bougre! Une vidéo, et quelques heures après une renommée internationale à coup de "youtube" et de "dailymotion". Sans doute était-il informé de la campagne présidentielle qui agitait le microcosme français. Quelques lignes sur son acte rien de plus, s'il n'y avait eu cette effarante vidéo, montrant un jeune homme agité, aux propos décousus, par moments christiques, par d'autres ultra-violents, ou encore à relents lénino-marxistes. Cette vidéo lui a permis d'exister un peu plus longtemps, quelques heures, voire quelques jours. Mais quelle existence! Une existence planétaire, universelle, mondialisée! Et les autres, ceux qu'il a tués? Rien! Niet! Wallouh! Pas un mot. Juste le récit de sa folle journée, les images en boucle de sa haine au monde. Les morts eux ne parlent pas nous dit-on. Certes, mais lui pourtant, n'a jamais été aussi vivant que maintenant. Jeune garçon réservé, enfermé, anti-social, isolé, aux propos et aux idées étranges, l'archétype même du timide compulsif, incapable de se lier aux autres, de s'ouvrir au monde. Tout portait à faire de lui un homme quelconque, dont personne n'aurait jamais entendu parler. Mais non! Il en a décidé autrement. Refusant le monde, se refusant lui-même tel qu'il était il a décidé de plier le monde à ses exigences, de s'asseoir sur la loi, sur la raison et sur l'idéal même de la vie en société. Il est sorti de chez lui et a semé la mort avant de se la donner, comme s'il savait qu'en récusant le monde, il sonnait son propre arrêt de mort. Oui mais voilà. Il a réussi son pari! L'espace d'une heure, d'un jour, il a mis le monde à ses bottes. Tout le monde connaît maintenant son visage. Le monde entier écrit sur lui, sur sa biographie, ses idées, son quotidien. Il va même avoir des supporters, des fans, sans doute un comité d'aficionados aussi timbrés que lui. Il a tué, l'image a fait le reste. L'ultra-violence comme gage de célébrité, l'image comme moyen et comme fin en soi. Passer à la télé!

    La campagne présidentielle aurait pu l'absorber comme toute autre actualité sordide, mais l'image l'a sauvé de la noyade. Il est resté accroché à nos TV quelques heures, cela a suffi à sa gloire. La campagne a repris, ou plutôt elle se poursuit, impassible. Rien a changé, sauf 32 morts de plus, 32 morts de trop. Mais après tout, pourquoi s'en offusquer? Tout cela était peut-être déjà écrit? Tout cela était peut-être génétique!


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