• Castration : une solution en trompe l'oeil?

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    Suite à l'émoi général suscité par l'affaire du pédophile multirécidiviste Francis Evrard, voilà que le gouvernement et Nicolas Sarkozy s'affairent à réagir énergiquement à cette vague d'incompréhension (d'indignation ?) qui a traversé à juste titre l'ensemble de la société. Assurant avec force et conviction la mise en place de nouveaux dispositifs pour traiter plus efficacement les cas des multirécidivistes (pédophiles, violeurs et autres criminels pulsionnels), M. Sarkozy n'a pas eu peur d'employer le terme de « castration chimique ».

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    Certes, voilà la plèbe rassurée devant tant d'ardeur à défendre la sécurité et le bien-être de chacun. Mais derrière les discours, derrière la vivacité et la promptitude toute sarkozyenne à ré-agir à l'événement, il convient de prendre un peu de distance, de dé-focaliser l'objectif pour l'ouvrir au plan large.

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    Castrer les pédophiles est une mesure forte, symbolique, à l'impact médiatico-sémantique puissant. Mais la castration, loin d'être la solution miracle, apparaît davantage comme une mesure d'urgence, prise sans concertation avec les professionnels de la santé, médecins, psychiatres, psychologues et autres spécialistes. Il semble ici nécessaire de rappeler que la castration ne résout pas tous les problèmes. En rien, elle n'empêche le désir. La castration n'est qu'un instrument parmi d'autres (et certainement pas le plus efficace) dans l'arsenal préventif/répressif contre les risques de récidives.

    En effet, le désir sexuel ne prend pas sa source au niveau de l' « entrejambe » mais dans le cerveau, au sein d'une glande particulière appelé l'hypophyse. Cette glande sécrète une hormone qui va activer l'afflux sanguin au niveau du pénis (je résume brièvement) et qui va à son tour rétro-agir sur l'hypophyse.

    Castrer un pédophile n'annihile donc pas le désir d'enfant. Il empêche simplement la possibilité de passage à l'acte. Néanmoins, inutile de crier victoire pour autant, car rien n'empêche le violeur d'user d'instruments pour arriver à ses fins. En outre, il est inutile de souligner que le viol ne nécessite pas qu'il y ait pénétration. Les attouchements, caresses et autres attitudes obscènes sont des actes tout aussi criminels que la castration n'empêche aucunement.

    On le voit, la castration n'est qu'un élément, et très certainement l'ultime, parmi d'autres pour prévenir et éviter la récidive.

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    En outre, se centrer sur le problème de la castration revient également (volonté délibérée ou non ?) à nier une partie du problème en ne se focalisant que sur un aspect de celui-ci. En effet quid des femmes pédophiles ?

    Si la question mérite d'être posée, elle remet en cause le principe même des mesures répressives évoquées par M. Sarkozy. La pédophilie féminine, tabou suprême au même titre que l'inceste, tant l'imaginaire associée au féminin conduit à penser la femme comme une mère attentive et attentionnée, est pourtant une réalité quotidienne dont nombre de magistrats se font l'écho.

     

    Des mesures doivent être mises en place pour traiter des risques de récidives des criminels pulsionnels, mais l'exemple de la castration (chimique ou physique par ailleurs), s'il permet d'avoir un écho médiatique puissant, n'en demeure pas moins un mode d'intervention ultime, rare et rigoureusement encadré. Sans parler des problèmes éthiques qu'une telle mesure peut poser...

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    En outre, mais je ne ferai que souligner la chose sans entrer dans le détail, l'obligation de soins assortie à ce type de criminel ne s'avérera efficace qu'à la condition que le patient lui-même accepte ce traitement. En effet, rien n'est moins inefficace dans le domaine médico-psychiatrique qu'un traitement unilatéral, dans lequel le soigné ne s'impliquerait pas. Pour qu'un suivi et un traitement thérapeutique fonctionne et agisse efficacement sur l'individu, il faut que ce dernier le considère comme légitime en adhérant au suivi mis en place. Malheureusement, comme dans beaucoup d'autres domaines, pas d'efficacité sans adhésion. Occulter tous ces points risquerait de faire de ces mesures annoncées une sorte de victoire à la Pyrrhus. Ou les résultats affichés souligneront davantage les apories des mesures préconisées que la bonne foi du politique.

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    Pour finir, n'oublions pas cependant de souligner que dans plus de 75% des situations, le criminel ne récidive pas. Certes, même si  1% reste toujours trop, il ne faut pour autant jeter le bébé avec l'eau du bain des mesures annoncées.

    <o:p> </o:p>Pour un résumé bref du sujet, voir le lien suivant : http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-3224,54-946396@51-945111,0.html

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