• Manifestations

     

    Ce jeudi 19 mars, j'ai participé à la grève nationale lancée par le mouvement intersyndical. C'est la première fois véritablement que je participe à un mouvement de grève en défilant dans les rues. Je ne sais pas ce qu'en diront les syndicats, ni même la police, mais le mouvement a été énormément suivi pour une petite ville comme Bourges, les manifestants s'étendant sur près de 1 km.

    Si j'ai décidé de participer à cette grève, ce n'est pas uniquement pour défendre mes intérêts partisans, mais plus généralement pour défendre la justice sociale dans un pays qui me semble être en proie à un mouvement d'inégalitarisme de plus en plus prégnant.

    Voici quelques uns de mes griefs :

    1. le bouclier fiscal qui est une mesure scandaleuse en temps de crise. Certes, sa suspension serait symbolique, car l'impôt sur la fortune représente à peine 0,5% de la fiscalité en France et donc de la redistribution, mais le poids des symboles est essentiel. Un gouvernement qui méprise les symboles est un gouvernement qui va à sa perte. Tant cette mesure apparaît (à juste titre) comme une mesure d'injustice sociale au nom de la justice fiscale.

    2. L'odieuse et insidieuse remise en question des droits et des libertés individuelles, qui font de la France des droits de l'Homme, au mieux un joli concept, au pire une utopie à proscrire!

    3. Le démantèlement progressif et silencieux du service public. En ayant une gestion purement budgétaire, on méprise les fonctionnaires, les élèves et leurs parents. Que se passe t-il? Pour prendre un exemple que je connais bien, dans l'établissement où j'enseigne cette année, il y a trois postes et demi de professeurs de SES. L'année prochaine, il en restera 2, soit un poste et demi qui disparaît sans que les élèves, eux, ne s'évanouissent dans la nature. A raison de 28h de cours qui sautent, cela signifie 14 heures supplémentaires à se répartir à 2! Chose impossible évidemment, sauf à faire de l'école une industrie d'abattage à la chaîne. Trois classes de terminales, trois classes de première et deux (ou trois selon les effectifs) classes de secondes pour deux enseignants. Quid de la pédagogie différenciée, du traitement individuel de l'élève déjà très difficile à mettre en oeuvre avec des classes de 30 et un programme surchargé ?

    La solution est simple : recruter des contractuels, c'est-à-dire des emplois précaires, plus flexibles et malléables (l'Etat est le premier employeur en France de précaires trois points devant le privé).

    Mais à agir comme cela, c'est tout le service public qu'on détruit. Les contractuels sont généralement moins formés, ne connaissent pas toujours précisément les programmes, mais surtout ils sont « jetables », reconduits d'une année sur l'autre, ou non, sans aucune garantie. Pendant ce temps, on grossit le nombre d'élèves par classe pour éviter de multiplier les postes ; ce faisant, les enseignants ont moins de temps pour différencier leur pédagogie, pour prendre le temps de s'occuper de celles et ceux qui ont davantage de difficultés. De l'autre côté, certaines matières vont perdre des heures ( cela peut se justifier dans certains cas, mais mérite au moins débat), mais conservent le même programme ! On augmente la productivité de l'enseignant, en oubliant que le « produit » qu'il travaille n'est pas un objet comme les autres, ce n'est pas une marchandise standardisée, mais un individu singulier ! Conserver le même programme en diminuant le nombre d'heures ou augmenter les effectifs par classe revient à appliquer des méthodes tayloristes à l'Education Nationale, à la production de savoirs.

    Ce qui compte n'est donc plus l'exigence de résultats, mais l'obligation de réduire les coûts. L'outil prime sur le produit. La forme sur le fond. La méthode de rationalisation des tâches doit s'appliquer partout. Cette approche de l'école et de l'enseignement est une approche à court terme qui cherche à réduire la masse salariale, les coûts de production, sans se soucier des conséquences sur la qualité des savoirs. L'élève n'est plus qu'une marchandise comme une autre, l'enseignant un travailleur comme un autre et l'Education Nationale une entreprise de production comme une autre. Désormais, la productivité de l'enseignant ne se mesure plus à la qualité du « produit » fourni, mais à la quantité de « produit » traité !

    Tout ceci concourt à voir partir certains élèves dans les écoles privées, où les conditions de travail, les moyens, les effectifs permettent un travail meilleur. Le gouvernement déconstruit l'école de la République pour édifier une école des élites. Je ne dis pas qu'il ne faut pas réformer le système. Au contraire, je pense qu'il faut le repenser en profondeur, en lien avec l'évolution de nos sociétés, la polyvalence des sources de savoirs aujourd'hui disponibles (internet, Tv, journaux), la multiculturalité de nos élèves, l'hétérogénéité sociale, etc. Mais c'est en partant de l'élève que nous trouverons la solution. Mettre l'élève au centre oui, mais aussi au départ et à l'arrivée. Et non, à l'instar de ce qui se fait aujourd'hui, raisonner en termes exclusifs de réductions des coûts.

     


  • Commentaires

    2
    Jeudi 19 Mars 2009 à 23:12
    idem
    moi meme j'ai participé a la manif nous étions 35OOO a angouleme j'espére que le mouvement va ce radicaliser pour faire plier ce gouvernement bonne soirée
    1
    Jeudi 19 Mars 2009 à 20:46
    Vive la grève !
    Mais qu'imagines-tu ? L'école n'est là que pour préparer le futur travailleur aux besoins des entreprises. non ? Alors pourquoi s'intéresser à eux ?
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