• Aux lendemains incertains

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    En ces lendemains de fêtes, l'heure du réveil est brutale. Sans doute l'effet euphorisant des bulles est retombé. Les têtes sont lourdes et les esprits confus. Mais la nouvelle année débute déjà. Pas le temps de se laisser aller à la douce et lascive griserie post-orgiaque. Il faut se remettre au travail, reprendre ses habitudes, s'armer de courage pour aller braver le froid, le réveil aux aurores, les mièvreries conventionnelles des souhaits et des vœux de chaque début d'année.  

    Mais quels vœux formuler ? Davantage de pouvoir d'achat : non, désolé ! Passez votre chemin ! Le Père Noël une fois encore ne fera pas de miracle. Sa hotte est vide. Reste à attendre une année de plus pour pouvoir encore peut-être y croire. Ou plutôt se laisser soi-même leurrer par l'envie de croire...

    Pourtant, il nous avait prévenu : on aurait du le croire : Nicolas Sarkozy n'est pas le Père Noël, ou du moins pas encore ! Plutôt le Père Fouettard en ces temps de disette.

    Il a pourtant trouvé la solution miracle pour gagner davantage : travailler davantage ! Personne n'y avait pensé ! Et c'était pourtant si simple ; la solution était là sous nos yeux. Il suffisait donc simplement de troquer notre habit du dimanche pour notre bleu de travail et le tour était joué. Si simple, si évident !

    Tellement simple et évident que certains y avaient déjà pensé... il y a deux siècles maintenant, au début de l'industrialisation. Quoi de mieux pour s'enrichir que de faire travailler toujours plus les plus faibles, les plus démunis ? Non pas travailler pour vivre, mais véritablement vivre pour travailler. En leur octroyant – ô bonté capitaliste d'alors ! – quelques heures de repos tout juste indispensables à la reproduction de leur force de travail. Ainsi, la vie était réglée, orchestrée. Pas le temps pour le marivaudage, l'amusement, la badinerie. Pas le temps non plus pour la réflexion critique, la remise en question. Il fallait travailler, encore et encore, produire et reproduire : allons donc ! Nos économies modernes sécularisés n'encensaient plus qu'un seul Dieu : le Dieu Croissance.

    <o:p> </o:p>

    Et où en sommes nous en ce début d'année 2008 ?

    On nous promet un gain substantiel d'argent à condition de travailler davantage. C'est la première fois dans l'histoire de l'ère moderne que l'homme va voir son temps de travail augmenter.  Mais seulement s'il le souhaite bien entendu. Voilà la différence ! La liberté individuelle est passée par là entre temps. La contrainte a fait son temps, c'est désormais l'individu libre et émancipé qui décide de sa vie, de ses actions et des conduites à tenir.

    Mais cette liberté individuelle si chèrement payée est ici illusoire : est-on libre de travailler davantage quand on gagne à peine 1000€/mois pour nourrir sa famille ? Est-il libre de travailler le dimanche celui dont le patron lui déconseille vivement de refuser ? Oui, nous sommes toujours libres répondront les plus perfides. Et ils auront raison : quand bien même on vous condamne à choisir entre continuer ou mourir, il vous est toujours possible de choisir la mort.

    <o:p> </o:p>

    Mais ce débat passionné cache une situation encore plus dramatique : gagner plus en travaillant plus signifie implicitement ne pas gagner davantage en travaillant toujours autant, voire gagner encore moins, compte tenu de l'inflation galopante. Et le vrai scandale est peut-être là ! Dans la stagnation officiellement légitimée des salaires ! Sans aller jusqu'à Marx (on nous traiterait alors de gauchiste, insulte suprême à l'heure actuelle, chantre de la fameuse « pensée unique »), Adam Smith lui-même, père du libéralisme économique, se retournerait dans sa tombe !

    <o:p> </o:p>

    Rachat des RTT, travail supplémentaire, voire rachat des congés payés (ce qui revient à remettre en cause l'acquis social de la 5ème semaine en la monétisant « all is money ») sont désormais les seuls moyens de voir son salaire augmenter.

    Mais autre problème : les chômeurs, rmistes,  temps partiels, emplois précaires : rien pour eux ! Pas de RTT pour le chômeur, pas (ou peu) d'heure supplémentaires pour les temps partiels, qui souhaiteraient avant tout bénéficier d'un temps plein. Or, ce sont eux les premières victimes de la crise du pouvoir d'achat.

    Il n'y a qu'a regarder les reportages TV : ce sont toujours de jeunes cadres d'entreprise, souvent innovantes (étrangement dans le secteur de l'informatique dans chaque reportage) qui sont touchés et ravis de ces directives. Ce sont aussi l'ensemble des salariés du privé d'une manière générale, mais en tout cas, ce ne sont pas les plus démunis, les plus défavorisés qui sont touchés par ces mesures.

    En fait de gain généralisé de pouvoir d'achat, M. Sarkozy va redonner du pouvoir d'achat à ceux qui en ont déjà. On n'en a jamais trop, bien évidemment, cela est connu ; mais certains en revanche n'en ont objectivement jamais assez.

    <o:p> </o:p>

    Ces mesures portent à terme le risque de voir encore un peu plus se creuser la fracture entre les inclus et les exclus, les actifs et les inactifs, les pauvres et les riches. Sans verser dans l'alarmisme ni le misérabilisme social, il n'en reste pas moins qu'il semble de plus en plus nécessaire de redéfinir une politique sociale et économique (et cela est loin d'être facile à réaliser) à long terme, et non plus dans l'urgence, qui évite de cliver toujours plus une société salariale qui tend à réactualiser une lecture en terme de lutte des classes.

    <o:p> </o:p>

  • Commentaires

    1
    Mardi 8 Janvier 2008 à 20:44
    gauchiste !
    Gauchiste !
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :