• Auguste Comte et le positivisme (1)

       Né à Montpellier en 1798, Auguste Comte est considéré comme le précurseur de la sociologie. Il est le fondateur d'un courant de pensée très important : la philosophie positive. Pour les positivistes, la connaissance scientifique, via le progrès, procède de l'observation des faits. Le positivisme prône l'empirisme comme base de la connaissance scientifique. L'étude des faits doit s'appuyer sur l'observation, l'expérimentation avant de dégager des lois. R. Aron, s'appuyant sur les travaux de Comte, en donne la définition suivante, « l'esprit positif observe les phénomènes, les analyse et découvrent les lois qui commandent leurs relations.(1) »

      En outre, le positivisme repose sur l'idée que le progrès social et l'évolution humaine procèdent de l'esprit positif/scientifique. Les êtres humains sont dans une trajectoire linéaire où la science associé à l'esprit positif est considérée comme la pierre angulaire du bien-être.
    Le positivisme est une doctrine qui consiste à penser que la connaissance passe par la science empirique, c'est-à-dire l'observation des faits, l'interprétation et la constitution de lois, de principes et d'ordres des choses, qui doit conduire, à terme, l'humanité vers un état positif final. C'est une doctrine évolutionniste, finaliste et scientiste.
    La nouveauté de sa doctrine a justement été de dire que toute forme de connaissance devait impérativement passer par l'observation des faits (empirisme), devait naître d'une expérience et se décrire et s'interpréter selon des lois. Il soumet ainsi les faits à un examen minutieux. La connaissance doit procéder du réel : toute théorie doit s'appuyer sur les faits.

       Comte a pour but de comprendre l'évolution historique mais surtout de découvrir les grands principes qui gouvernent au développement de l'humanité. Il va pour cela partir des faits, de la réalité historique. Il veut fonder une nouvelle science sociale, la sociologie, considérée comme la science de l'évolution de l'humanité (rien de moins). Terme qu'il utilise pour la première fois dans son ouvrage Cours de Philosophie positive (1830-1842).

        1.la société industrielle et la pensée scientifique

       A. Comte est né dans un siècle en pleine crise : fin de la domination monarchique et délitement de la religion, face au développement de l'ordre républicain, de l'industrie et de la science. Les savants remplacent les théologiens comme catégories sociales dominantes et les industriels (bourgeoisie) remplacent les militaires (noblesse). Le siècle vit un profond bouleversement historique des valeurs. Dans ses Opuscules, ouvrage de jeunesse, Comte tente de comprendre la crise sociale que traverse le XIX siècle. Pour lui, cette crise résulte du passage d'une ancienne forme d'organisation sociale à une nouvelle forme en devenir. Le XIX se caractérise par la disparition d'un type de société militaire et théologique, où l'activité sociale dominante était la guerre des hommes contre les hommes. À ce type social succède un nouveau type de société, dite société industrielle et scientifique, où l'activité dominante est la lutte des hommes contre la nature, par l'exploitation rationnelle des ressources.
        La crise sociale tiendrait dans ce passage entre un ordre social déclinant et un nouvel ordre social qui s'y substitue. Cette contradiction entre ces deux types sociaux doit amener nécessairement à la victoire de la société industrielle et de la pensée scientifique pour Comte. Cette évolution est nécessaire ; elle est inscrite dans la nature de l'évolution humaine. C'est une des lois de l'Histoire sur laquelle les hommes ne peuvent pas intervenir.
        Ce faisant, le sociologue a pour mission de découvrir ces lois de l'histoire et de donner à voir l'intelligibilité de l'histoire humaine.


        La société industrielle se caractérise par plusieurs aspects :
    -  l'industrie est basée sur l'organisation scientifique du travail, seule à même de développer une logique de rendement maximum ;
    - l'application de la pensée scientifique dans le travail permet le développement des richesses et la prospérité économique et sociale, rendant indiscutable l'universalisation de l'industrie et de la science ;
    - dans le même temps, la production implique la concentration des travailleurs sur un même lieu de production. Socialement, on observe l'apparition des masses ouvrières ;
    - ces fortes concentrations vont conduire à créer des oppositions entre employés et employeurs, avec des conflits potentiels ;
    - en outre, la logique industrielle conduit à des crises de surproduction, créant des situations de pauvreté au milieu de l'abondance ;
    le système économique sa caractérise par le libre échange et la recherche du profit, qui repose sur la concentration de la propriété et à la concurrence, condition essentielle de la prospérité.

       L'attention de Comte porte surtout sur les trois premiers points (organisation scientifique, universalisation de la pensée scientifique, concentration et division du travail). Les socialistes du XIX se concentreront davantage sur les deux points suivants tandis que les libéraux mettront l'accent sur le dernier point.

       Pour Comte, le développement de la production est la loi de la société industrielle qui est la plus profitable pour tous. Ainsi, elle est condamnée à s'universaliser. Pour autant, la lutte des classes est un élément d'analyse secondaire pour Comte. En effet, pour lui, la hiérarchie sociale ne repose pas sur le pouvoir et la richesse, mais sur les mérites. Il accorde la primauté de la hiérarchie morale (mérite) sur la hiérarchie matérielle (richesse et pouvoir). Selon Compte, le pouvoir spirituel est le pouvoir qui doit nécessairement s'imposer sur le pouvoir temporel. Ce pouvoir spirituel n'est pas celui des théologiens, mais celui des savants dans l'état social à venir. La science s'imposant, les nouveaux prêtres du type de société à venir seront les savants et c'est le pouvoir spirituel de la pensée positive qui s'imposera. C'est ce pouvoir spirituel qui contribuera à modérer les intérêts particuliers, l'égoïsme des puissants et l'arbitraire des comportements, conduisant mécaniquement à la justice sociale.

       Ni libéral, ni révolutionnaire, Comte est persuadé que c'est l'état d'esprit d'une société qui détermine in fine les comportements individuels et l'organisation sociale. Toute société ne tient et n'existe que par le partage de croyances communes. C'est la communauté d'esprit qui fonde la caractère d'une société. C'est donc la façon de penser des membres d'une société qui détermine les différentes étapes de l'évolution de l'histoire humaine. Or, pour Comte, il n'y a qu'une seule loi d'évolution de l'histoire humaine. Il n'y a donc qu'une seule véritable façon d'être en société au terme de l'histoire. L'état positif qu'il considère comme l'état idéal et final de l'évolution humaine conduira alors de lui-même à l'harmonie sociale.
        Comte fait donc de la pensée humaine (du pouvoir spirituel) le moteur de l'histoire (2).

     


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Octobre 2010 à 19:14
    Intéressant
    Intéressant. Je ne me suis jamais trop intéressé à Auguste Comte. Même si je savais déjà que je n'étais pas d'accord avec lui (comme avec de nombreux autres).
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